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Réforme de la chasse Les chasseurs à l’Élysée

Le président de la République avait déjà reçu Willy Schraen, président de la FNC (Fédération nationale des chasseurs), le 15 février dernier.

Emmanuel Macron a reçu le président de la Fédération nationale de la chasse, Willy Schraen.

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Le président de la République a reçu ce lundi Willy Schraen, président de la FNC (fédération nationale des chasseurs) en compagnie du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, et de son secrétaire d’État, Sébastien Lecornu.

L’objectif de cette rencontre était de lancer la réforme de la chasse. Depuis des mois, Sébastien Lecornu mène des concertations. Il a soumis des propositions au président de la République qui doit annoncer ses arbitrages.

Cinq principales revendications

Les chasseurs ont formulé cinq principales revendications.

Parmi elles, figure la réforme du permis de chasser pour faciliter l’accès à la chasse. « De plus en plus de jeunes, de femmes et de néoruraux s’inscrivent pour passer le permis de chasser mais beaucoup se découragent car les démarches administratives sont trop compliquées, explique Thierry Coste, conseiller politique à la FNC. La FNC souhaite que l’acte administratif soit géré par les fédérations départementales des chasseurs (FDC) afin que les candidats puissent passer leur permis dans un délai de deux mois au maximum. »

Autre mesure souhaitée par la FNC : une journée de formation axée sur la prévention tous les dix ans pour une remise à niveau des chasseurs.

Toujours dans l’objectif de faciliter l’accès à la chasse, la FNC souhaite que le prix du permis de chasser national soit divisé par deux en passant de 400 euros à 200 euros. « Aujourd’hui, seul un chasseur sur dix a un permis national. Or, beaucoup de jeunes sont intéressés. L’objectif est que la moitié des chasseurs, soit 500 000 à 600 000 d’entre eux, optent pour un permis national, explique Thierry Coste. Une plus grande mobilité des chasseurs permettrait d’assurer une meilleure gestion de la grande faune. »

Le deuxième vœu de la FNC porte sur une gestion adaptative des espèces. « Il faut retrouver de la souplesse dans la régulation des espèces, poursuit Thierry Coste. Par exemple, face au trop grand nombre de cormorans, il faudrait augmenter les prélèvements. Ou au contraire pouvoir les diminuer pour des espèces plus fragiles. Cela obligera le monde de la chasse à procéder à des déclarations instantanées des prélèvements par smartphone, via des applications spécifiques, ou encore à accepter des dates de chasse variables et des quotas. » Les chasseurs espèrent aussi que leurs connaissances des espèces et des milieux naturels soient mieux reconnues par les pouvoirs publics.

La troisième demande porte sur la création d’une police de la nature et des territoires. Cette police aux compétences élargies pourrait se faire au travers de plusieurs structures publiques, l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) et l’AFB (Agence française de la biodiversité).

Pour les chasseurs, la réforme de la chasse implique aussi une réforme financière. Ils participent aujourd’hui à hauteur de 72 millions d’euros (M€) au budget de l’ONCFS. Leur revendication porte sur une baisse de moitié de cette contribution au motif que les FDC prendraient à leur charge la gestion administrative du permis de chasser et que l’ONCFS se verrait attribuer des missions régaliennes de police. En clair, les chasseurs aimeraient avoir un meilleur retour sur ce qu’ils paient. Comme le clame Willy Schraen, que « l’argent de chasseurs aille dans la poche des chasseurs ».

Enfin, le quatrième point porte sur l’indemnisation des dégâts de grand gibier, en particulier ceux de sanglier. Les chasseurs participent à hauteur de 30 M€ pour l’indemnisation des dégâts, 5 M€ pour l’estimation, 10 à 15 M€ pour la prévention. « La baisse du prix du permis national aura un impact sur la régulation de grand gibier, assure Thierry Coste. Et les chasseurs sont favorables à ce qu’on ouvre toutes les possibilités dans les points noirs pour contribuer à la baisse de la population de sangliers. »

La FNC propose par exemple de fixer une taxe gros gibier à l’hectare dans les secteurs à problèmes plutôt qu’au niveau départemental. « Il s’agit de faire payer plus les territoires où se concentrent les dégâts. Là où ça a été testé, c’est dissuasif », poursuit Thierry Coste. Les chasseurs réclament aussi l’entière maîtrise du territoire, c’est-à-dire avoir les moyens d’agir dans les zones fermées en utilisant les modes de chasse qu’ils jugent adaptés.

L’arbitrage du président de la République est attendu sur tous ces sujets pour permettre à la réforme d’être applicable lors de la campagne de chasse de 2018-2019.

Aurore Cœuru

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